Introduction sur notre position concernant les sanctions économiques imposées à la société irakienne tout entière...

Nous critiquons facilement le passé,
mais est-ce que nous osons voir notre présent ?

Une véritable
arme de destruction massive
silencieuse et criminelle...

L'Irak, ce n'est pas Saddam Hussein, c'est environ 22 millions d'êtres humains.
     De nombreux rapports provenant des agences des Nations Unies (ONU) permettent d'estimer que les «sanctions économiques» imposées contre l'Irak, de 1990 à 2000, ont entraîné la mort d'environ un million d'êtres humains (agences: UNICEF, FAO, OMS/WHO, etc.).  L'UNICEF (1998) estime que ces «sanctions» causent la mort de 90,000 personnes par années, dont 40,000 sont des enfants âgés de cinq ans et moins.  Selon l'UNICEF (1998), l'Irak n'avait pas de problèmes de malnutrition avant l'imposition des «sanctions»:  aujourd'hui, 50% des mères seraient anémiques.  Une étude sérieuse faite par l'UNICEF en 1999 démontre que le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans a doublé depuis l'imposition des «sanctions» et que celles-ci auraient causé la mort excessive d'environ 500,000 enfants entre 1991 et 1998!

      Ces «sanctions» constituent, en fait, un blocus quasi-total sur les importations-exportations, les seules exceptions étant un programme humanitaire de l'ONU («Pétrole-contre-Nourriture»; 1996-2002) affreusement insuffisant et ralenti par un cauchemar bureaucratique et aussi des échanges commerciaux avec quelques pays voisins dont la Jordanie.  Ce blocus a dévasté l'infrastructure civile de cette société (Ex.: les centres d'épuration de l'eau) et a provoqué une crise économique et humanitaire.  Dans le concret, la majorité des Irakien-nes sont tombés dans une pauvreté abjecte et n'arrivent pas à acheter suffisamment de nourriture, l'eau est souvent porteuse de maladies alors que l'Irak ne peut obtenir les médicaments nécessaires; avec les résultats mortels que nous connaissons.  La situation est si sévère que le programme humanitaire n'arrive pas à compenser pour cette destruction de leur économie et de leurs infrastructures civiles.  Cette population ne peut pas importer suffisamment les produits nécessaires à la purification de l'eau, importer de l'équipement médical, réparer leur machinerie agricole, etc.  Qui plus est, ils n'ont pu réparer adéquatement leur réseau électrique et leur centres de traitements d'eau qui ont été intentionnellement bombardés durant la Guerre du Golfe.  Ce blocus cause tellement de souffrance et de décès que Denis Halliday (1998), qui était le Directeur du programme humanitaire en Irak et Assistant Secrétaire-Général de l'ONU, a quitté l'ONU pour protester contre lesdites sanctions.  De plus, en l'an 2000, ceci a été suivi des démissions très lourdes de signification de M. Hans von Sponeck, coordonnateur du programme humanitaire de l'ONU en Irak, et de Mme Jutta Burghardt, responsable à Bagdad du Programme Alimentaire Mondial (PAM).  

     Une société ne peut subsister uniquement sur de l'aide humanitaire: il faut leur redonner le droit d'avoir une économie et le droit de vivre.

      La Commission des Droits de l'homme de l'ONU affirme que les mesures de coercitions économiques contre une nation empêchent la pleine réalisation des Droits de l'homme et sont contraires à la Charte de l'ONU.  J'utiliserai les mots de la Ligue des droits et libertés:

(...) les droits civils et politiques sont de biens piètres préoccupations lorsque les besoins les plus primaires et les plus vitaux ne sont pas comblés...
Que signifie le droit à la vie quand on souffre de malnutrition sinon le droit élémentaire à un niveau de vie décent?
("Questions-réponses pour un cinquantenaire", 1998).

      Imposer un blocus qui, en toute connaissance de cause, a engendré la mort de centaines de millier de civils et qui continue d'en tuer, c'est une violation grave du Droit international humanitaire, un Crime contre l'Humanité, même quand c'est fait par les États-Unis, la Grande Bretagne, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande (selon l'ordre de leur contribution militaire et politique).

      Le gouvernement canadien, par son support politique et militaire (navires militaires), contribue activement à maintenir les dites «sanctions».  Quelles sont donc nos valeurs québécoises et canadiennes?  Est-il juste de causer la mort de 4500 enfants par mois (UNICEF 1996/1998/1999) pour imposer des objectifs économiques, militaires et politiques?  Personnellement, je ne peux décrire ce que je ressens vis-à-vis le fait que mon gouvernement participe à cette torture d'une population civile qui a tué des centaines de millier de personnes et qui tue encore.  Je suis peut-être un Québécois, un Canadien et un Nord-Américain, mais je suis encore un être humain.

- Michaël Lessard, citoyen engagé de Québec.

Voir aussi...
     
la page Effets néfastes du blocus (Les sanctions économiques / «L'embargo»)

Nota bene 2005 :

• Michaël Lessard a produit un essai, considéré de qualité par l'Institut québécois des hautes études internationales de l'Université Laval [désormais ESEI], intitulé Les sanctions économiques globales contre l'Irak (1990-2003) étaient-elles compatibles avec le respect effectif de la Charte de l'ONU, des droits humains et du droit international humanitaire ? [PDF]
- Michaël Lessard, 13 mai 2004, Essai pour la Maîtrise en Relations internationales, Université Laval, Ville de Québec (Canada)
   Ce texte se lit très bien et n'exige pas d'être expert-e du droit...

• Les sanctions ont été levées en 2003, après l'invasion de l'Irak.  Pour dénoncer l'invasion, une coalition (d'individus et d'organismes) s'est formée : la Coalition Québec-Irak [désormais Collectif de Québec pour la paix].

• Le Réseau DroitVP (pour le Droit à la Vie des populations civiles) a été remplacé par le Siriel-Média [site tombé].